La bulle

Est-ce que vous avez déjà été dans la situation de vouloir vous retrouver dans votre bulle,  vos pensées ou simplement de vouloir vous concentrer mais que l’environnement dans lequel vous vous trouvez est harassant,  bruyant mettant en évidence le foisonnement humain qui crée une hyper activité. La saison estivale étant encore plus marquante sur ce point quand les fenêtres s’ouvrent, que la radio du monsieur du second interfère avec le cours du piano de la demoiselle du quatrième et que le chien dans la maison d’en face aboie sans cesse car le chat du restaurant voisin se plait à le narguer. 

Il y a des jours ainsi où votre environnement proche vous apparait comme un univers mécanique et bruyant qui absorbe toute possibilité de concentration et vous projette sans la moindre précaution dans le flux du quotidien. C’est d’autant plus présent que cela en devient obsédant,  plus vous essayez d’oublier cette atmosphère et plus elle se rappelle à vous. 

Le chat est enfin parti et ignore le chien de la maison d’en face, que le semi-remorque, en livraison gêné par le cycliste en pause sportive, libère son avertisseur sonore à trois tons. Cette succession de situations incontrôlables et inattendues,  qui en temps normal font partie du bruit de fond que vous absorbez sans la moindre contrariété, vous apparaissent aujourd’hui au moment où vous le souhaitiez le plus au monde,  faire corps avec votre bulle,  comme un gigantesque vacarme dont vous n’arrivez pas à vous extraire.

Dernièrement,  en préparant le support de ma toile suivante,  je m’attardais longuement à la fenêtre de mon atelier et je découvrais une journée pluvieuse,  de celles qui disposent de cette effet hypnotique parce que la pluie de faible intensité tombe avec cette régularité et ce rythme qui lui est propre et absorbe à sa manière les bruits du quotidien. Les imbibant d’une note plus grave et qui adoucit la perception d’un environnement qui s’est un peu endormi sous ce dôme pluvieux.

Une envie irrésistible m’invitait à aborder cette journée en allant faire quelques pas sous cette pluie presque chaleureuse. Ma balade m’entraina au bord du lac où je découvrais les dessins géométriques que créaient la rencontre des gouttes avec la surface étendue et si calme de la surface. 

La couleur qu’avait revêtu le lac était si proche des rives et de l’air ambiant que je scrutais de manière apaisée le panoramique de cette surface. Mon regard fut soudain stoppé par la vue d’un pêcheur,  un homme d’un certain âge,  habillé de vert,  coiffé d’une casquette à visière,  assis sur sa barque blanche,  abrité par un large parapluie dont la couleur verte s’harmonisait à merveille avec la surface de l’eau. Son attitude et son regard pensif qui observait la ligne de flottaison. Seul sur son embarcation,  il émanait de lui une sérénité que l’on pouvait lui envier. 

JOUR DE PLUIE

Acrylique sur toile 100 x 70

découvrez cette oeuvre ici

Il semblait être en lien avec son souhait,  il avait pris place dans un son espace bulle au travers d’une passion qui devait sans nul doute répondre à un besoin d’isolement. Il faisait pratiquement partie intégrante d’un environnement et de conditions météo dont il avait su adapter toute les contraintes comme pour mieux pouvoir en extraire les satisfactions attendues. 

Face à cette rencontre insolite mais distante, je n’ai pu m’empêcher d’extirper le carnet de croquis de mon sac à dos et de faire un croquis rapide de la vision que je venais de découvrir avec le souhait pressant de pouvoir retranscrire sur ma prochaine toile ce moment de complicité vagabonde.

J’ignore si ce pêcheur a ressenti mon regard et l’intérêt qu’il avait fait naître chez moi,  mais le simple fait que certaines manoeuvres de sa part a permis de conserver la posture de sa barque dans une position qui me faisait face,  me laisse à penser par l’affirmative. Je vous invite à découvrir  cette oeuvre « jour de pluie » qui je l’espère saura vous apporter la sérénité que j’ai ressenti.

Alain Rouschmeyer

Alain Rouschmeyer est surtout connu pour ses peintures acryliques sur toile moyen format et ses dessins contemporains à l’encre. Observateur du quotidien, il analyse la balade humaine à travers les postures et les espaces traversés, comme pour sonder le banal et en capturer le parfum. Son itinéraire artistique l’invite à travailler l’architecture dans laquelle il aime porter la réflexion sur les espaces de vie et les transversalités qui en définissent les usages. Comme un poète analyste, le travail d’Alain Rouschmeyer navigue entre réalité et intimité laissant apparaitre l’attachement et le détachement au gré d’une volonté consciente. Il explore la dimension cachée d’un quotidien qui ne cesse de nous interpeller comme une musique de jazz ou un blues chaleureux. Le romantisme dont il assume intégralement la traduction contemporaine et intemporelle habite le support comme un espace impliqué.

https://www.alainrouschmeyer.art
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