La fille au lever du jour

Quand le quotidien devient un lieu de peinture
Par Alain Rouschmeyer – Artiste peintre

Il est des gestes si simples qu’on en oublie la poésie.
Il est des matins où le corps, à peine éveillé, cherche à renouer avec lui-même.
Et il est des instants qui, sous l’œil du peintre, deviennent des mondes.

C’est dans cette tension fragile entre le banal et l’essentiel que s’inscrit La fille au lever du jour, une œuvre peinte à l’acrylique sur toile (100 x 100), réalisée en 2024.

Un instant vu d’en haut

La scène est vue du dessus : une jeune femme, nue, repliée dans sa baignoire, se lave les cheveux avec un pommeau de douche. Elle est concentrée, absente au monde extérieur, peut-être encore dans cet entre-deux du sommeil et du jour.

Ce cadrage peu habituel, presque photographique, évoque une forme de détachement ou de discrétion. Le regard n’est pas intrusif, il est suspendu, à distance respectueuse. Il observe un moment qui n’a pas vocation à être vu. Et pourtant, c’est justement là qu’il trouve sa force.


Le corps dans le quotidien

Ce qui me touche dans cette scène, c’est la relation très directe entre le corps et l’espace. Il n’y a ici ni décor ajouté, ni mise en scène. La baignoire devient un écrin brut, un volume géométrique presque architectural dans lequel s’inscrit une figure humaine, vraie, nue, en pleine action.

Je ne cherche pas à idéaliser la forme ni à styliser le geste. Je cherche à capter la densité d’un moment ordinaire, sans artifice.
Ce travail sur la corporalité s’inscrit dans une recherche plus large : celle d’un réalisme poétique, d’un art de l’intime qui parle aussi de nous.


Une lumière sans théâtre

La lumière dans ce tableau n’est pas spectaculaire. Elle est diffuse, naturelle, sans effet. Elle suit les volumes, glisse sur les épaules, joue avec les zones humides. Elle ne cherche pas le drame, mais l’évidence.

J’aime quand la lumière est celle du matin — pas encore affirmée, pas encore dure. Ici, elle participe au sentiment de solitude douce, à la sensation d’un moment volé au tumulte de la journée.

C’est une lumière qui s’adresse à l’âme plus qu’au regard.




La force du détail

Si vous observez bien la toile, vous verrez que le réalisme n’est jamais froid. Il est traversé de vibrations. Le carrelage n’est pas rigide, les pieds sont vivants, le rouge du vernis à ongles dialogue avec les tons ocres du corps. Le jet d’eau, quant à lui, n’est qu’une trace presque abstraite, une coulure blanche peinte à l’instinct, qui fait lien entre la tête et la main.

Dans mes œuvres, le détail n’est pas là pour démontrer une virtuosité. Il est là pour dire ce que les mots ne disent pas. La tension dans une main. La fatigue dans une nuque. L’intimité d’un geste répétitif.



Une peinture de l’intime

Depuis plusieurs années, mon travail explore ces zones de l’intime que l’on croit insignifiantes : une fille dans son lit, un dos nu, un corps au bord du lac, une silhouette sous une douche.
Des scènes qui n’ont, à première vue, rien d’héroïque. Mais qui racontent, chacune à leur manière, ce lien ténu entre l’humain et l’espace qu’il habite.

Je pense souvent à cette phrase de Gaston Bachelard : "La maison est notre coin du monde. Elle est notre premier univers."
Et dans la maison, il y a la salle de bain. Ce lieu de transition, entre le corps endormi et le corps social. C’est cet entre-deux que je voulais saisir ici.



Une œuvre à part entière

La fille au lever du jour fait partie d’un corpus de toiles où la figure féminine est abordée avec pudeur, sans fantasme ni cliché. C’est une figure autonome, libre, concentrée sur elle-même.

Cette œuvre a aussi une place particulière dans mon parcours, car elle marque un retour à une frontalité plus assumée : pas de flou, pas d’esquive.
Juste un cadrage serré, une scène unique, un corps et sa propre temporalité.



Laisser le regard respirer

Peindre ainsi, c’est pour moi une manière de ralentir. De résister à la vitesse des images. De proposer au spectateur non pas une leçon, mais un espace. Un lieu où laisser son propre regard habiter la toile.

Peut-être que cette fille au lever du jour vous rappellera quelqu’un.
Ou peut-être pas.
Mais peut-être aussi qu’en la regardant, vous sentirez quelque chose.
Quelque chose de très simple.
Et de très humain.



Informations

Titre : La fille au lever du jour
Technique : Acrylique sur toile
Dimensions : 100 x 100 cm
Année : 2024
Œuvre originale disponible à la vente

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LA FILLE AU LEVER DU JOUR - 100 x 100 LA FILLE AU LEVER DU JOUR - 100 x 100
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LA FILLE AU LEVER DU JOUR - 100 x 100
4 850,00 €
Alain Rouschmeyer

Alain Rouschmeyer est surtout connu pour ses peintures acryliques sur toile moyen format et ses dessins contemporains à l’encre. Observateur du quotidien, il analyse la balade humaine à travers les postures et les espaces traversés, comme pour sonder le banal et en capturer le parfum. Son itinéraire artistique l’invite à travailler l’architecture dans laquelle il aime porter la réflexion sur les espaces de vie et les transversalités qui en définissent les usages. Comme un poète analyste, le travail d’Alain Rouschmeyer navigue entre réalité et intimité laissant apparaitre l’attachement et le détachement au gré d’une volonté consciente. Il explore la dimension cachée d’un quotidien qui ne cesse de nous interpeller comme une musique de jazz ou un blues chaleureux. Le romantisme dont il assume intégralement la traduction contemporaine et intemporelle habite le support comme un espace impliqué.

https://www.alainrouschmeyer.art
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